Le Voyage de l’Enfer au Paradis


Les femmes indiennes
aux nom charmants et doux de Gautamî,
de Noumavatî, de Naranî,
de Prithâ, de Privâ,
de Hatânenâ, de Sodarâ
ou de Domihî ou de Baladivâ,
sont ma seule compagnie
durant les après-midi d’été
où il fait bon chanter
la plus célèbre des amours courtoises,
l’Amour hindoue !


Ô ma Bien-Aimée
qui embaumes le santal
et des arômes qui viennent d’herbes
se consumant le soir
en parfumant la campagne,
ô toi qui es Indienne
jusqu’à la moelle des os,
quand je te regarde ,
il me semble être arrivé,
après un bref voyage
qui n’aura duré qu’une seconde,
oui, il me semble être arrivé
à l’Antique Delhi
ou à Hastinapoura,
ville vaste comme une province,
ou à Kapilavastoû la Bienheureuse,
ou à Bénarès, la Courtisane des Dieux,
ou à Golconde la Dorée !


Quand je te contemple,
il me semble partir en pèlerinage
dans le Sud des Indes,
afin d’y adorer Shiva
et son Épouse Shakti,
qui est la Puissance même
de ce Dieu merveilleux
à qui est consacré le temple des mille Dieux,
à Madurai la Splendide,
la Très Colorée !


Et quand enfin, je te découvre
ou plutôt, quand tu te dépouilles
devant moi
de tous tes voiles,
il me semble que je traverse
sans trembler,
ni avoir peur d’aucune façon,
oui, il me semble que je franchis
le pont qui relie mon Enfer
à ton Paradis !


NYMPHEAS GEANTS

RECUEIL INEDIT. DU 13 AU 21 AOUT 2009