Le Portique de Roses


De même que l’abeille
qui voltige autour d’une fleur
chargée de nectar,
ne peut ou ne veut
s’éloigner d’elle,
de même moi, quand je te vois
en train de balancer tes hanches
à droite et à gauche,
je ne peux ou ne veux
m’éloigner de toi !


C’est que ton corps est un portique de roses
sous lequel j’ai recueilli l’autre jour,
dans le creux de ma main,
l’eau contenue dans un lotus !


Oui, tu es un magnifique manguier
des Indes
qui, dans la brise d’Avril,
balance ses rameaux
et dont les fleurs sont chacune
tout un Printemps
au parfum de félicité !

Puissé-je une nuit de Mai
où les rossignols chanteront
aux roses,
oui, puissé-je au nouveau printemps
refermer ma main
sur ton coeur généreusement offert
ainsi qu’un figuier
dont les branches s’abaissent sur la terre,
en me liant à toi
par l’acte le plus sacré
dont les conséquences sont incalculables
et dont la beauté à la fois
et la bonté
ont été célébrées dans le passé
par les plus grands sages de l’Inde
et de la Chine !


Car aucune laideur
et aucune vilenie
ne peuvent venir de l’acte d’amour,
à moins que celui-ci
ne soit pas librement consenti,
ou qu’il soit feint,
auquel cas il n’est qu’une obscénité !


Ah ! Puissé-je échanger avec toi
au printemps nouveau
les serments les plus ardents
ou les plus élevés,
et les baisers les plus violents
ou les plus passionnés !


Si ce souhait mien se réalise
avec le concours des déesses
préposées à l’amour,
à partir de ce moment
je regarderai les hommes
privés d’amour
comme un homme libre regarde les esclaves
ou comme un seigneur
qui vient de se purifier
considère les personnes
qui se vautrent dans la boue,
comme des hippopotames !


LA RIVIERE ET LA MER

RECUEIL INEDIT.DU 22 AU 29 AOUT 2009