La Pêcheuse Aimée


Les médecins qui se sont penchés
sur mon cas
ont tous cru diagnostiquer
une forme aiguë de démence
et m’ont donné des remèdes
censés guérir la folie !


Or, ma Bien-Aimée est meilleure
que tous les remèdes !
Car il suffirait que ces médecins,
en faisant allusion à elle,
me disent : « Regarde, la voici ! »,
pour qu’aussitôt je retrouve la joie de vivre
qui est le principal trait
de mon caractère
et ma principale arme
contre l’humeur noire
de mes contemporains !


Quand on prononce le nom si cher
de mon adorée,
je suis aussitôt réconforté !
Et sa présence à mes côtés
agit sur moi à la manière d’un talisman
ou d’un phylactère quelconque :
elle me préserve de tout mal !


Quand elle pose son regard franc et clair
sur moi,
je me sens jeune
et quand j’entends sa voix
plus mélodieuse que la voix
d’une brune fauvette,
une force extraordinaire jaillit
de mon coeur revigoré,
une force qui, comme une comète,
illumine le firmament,
jette des ponts de flammes
entre les astres de la nuit
et troue la partie du ciel
au-dessus de moi,
ainsi qu’une flèche d’acier et d’or
tirée par un archer
debout sur le char en mouvement
du Roy,
remontant le cours du fleuve céleste
qu’est la Voie Lactée !


Et quand enfin, je la tiens
dans mes bras,
je me crois pareil
à une forteresse imprenable !


Voilà pourquoi, je me hâte
vers elle,
comme un coursier
sur le champ de bataille
ou comme un taureau noir
vers son fourrage !


Car sa fidélité de perdrix
n’a d’équivalent
que la fidélité de l’étoile brillante
du Nouvel An,
au seuil d’une année favorable !


Or, ô ma divine pêcheuse,
ô mon Aimée,
tu m’as pris comme un gros poisson
en te servant comme appât,
de ta chevelure de lapis-lazuli véritable !


Mais je ne me plains guère
de ma captivité,
puisque tu m’as depuis
gardé auprès de toi,
plus fidèlement que Pénélope,
la célèbre Reine d’Ithaque !


LA STATUE DU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 30 AOUT AU 06 SEPTEMBRE 2009