La Palme sous le Vent


Ah ! Te faire courber
sous la force de mon amour
comme une palme baléare
sous le vent chaud,
venu d’Afrique !


Ah ! Faire en sorte que,
contre moi,
ton corps ne soit plus qu’une bouche,
qu’un puits profond
dont la margelle est chauffée
par le soleil de midi,
qu’un trou plein de népenthès,
ce nectar qui supprime la douleur
et met l’âme à l’aise
dans ce monde de souffrance
et dans cette vie
où tout est Espérance
et son contraire, Désespérance !


Ô plus embaumée
que tous les magnolias de la terre,
respirer ton haleine,
c’est pour moi traverser
les patios fleuris de l’Alhambra,
c’est sentir sur mon visage
l’haleine du printemps
charriant tous les arômes
de la plaine de Grenade
et c’est me croire au ciel,
plutôt que sur la terre !


Ah ! Puisses-tu faire passer
toute la fraîcheur
d’un ruisseau dévalant la Sierra Nevada
dans les rêves des chevreuils
qui n’en peuvent plus d’être traqués
par les chasseurs
avides de chair fraîche !


Or, tes dents, par leur éclat,
évoquent la neige
des cimes de montagne
les plus élevées
et les plus difficiles d’accès,
ou les fleurs de prunier
sous la neige d’une fin d’hiver
hantée par les premiers tressaillements
de la vie nouvelle,
qui fait battre déjà
violemment le coeur
de la terre andalouse !


Non, je ne céderai guère
au désir de comparer tes dents
à des perles non perforées,
car, la vraie perle,
c’est ton cerveau
qui accoucha d’une si grande amour
et d’une passion
aussi riche en perles vierges
et en diamants
purs de tout mélange
et de toute opacité !


PALMES SOUS LE VENT

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2009