La Dormeuse Surprise par l’Aurore


Ô Marisol, ma Bien-Aimée,
je suis étendu près de toi,
comme un mendiant près d’une église,
d’une pagode ou d’une mosquée !


Car j’ai soif et faim
de l’ombre de ton cou
qui est bleue,
du magnolia en fleur de ta gorge,
de l’eau argentée
des longs ruisseaux de tes bras
qui abreuvent cette pelouse
et de la rosée de tes ongles
où se posent les papillons
pour se rafraîchir !


Et de chanter à l’ombre de tes cils noirs
cette chanson des jardiniers andalous :
« Toutes les figues
ne sont pas sur les figuiers,
puisque ta vulve est une figue,
tous les raisins
ne sont pas sur les pampres,
puisque tes seins sont
des grappes de raisins,
et toutes les pastèques
ne sont pas en terre,
puisque ta croupe est une pastèque !
Sois accueillante aux oiseaux gourmands,
sinon ils iraient raconter partout
que ta vulve n’a que l’apparence d’une figue,
que tes seins sont des grappes de raisins
encore verts
et que ta croupe n’a pas été suffisamment
mûrie par le soleil ! »


Lorsque tu entends cette chanson,
ton visage s’illumine
et, d’un geste de Reine,
tu m’offres le bouquet de violettes sombres
de tes cheveux
et une urne remplie d’eau
extraite des roses de ta bouche !


Et tu te tords
comme une couleuvre au soleil,
et, couchée, tu cambres tes reins
tout contre moi !


Et alors, moi, je te baise
sur les lèvres,
cependant que je caresse
ta chevelure embaumée
et tes yeux aux cils narcotiques
et aux paupières parfumées !


Et toi, tout à coup, tu frissonnes
comme une dormeuse
surprise par l’aurore !


PALMES SOUS LE VENT

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2009