La Nuit de Grenade


Si vous n’avez jamais vu étinceler
dans la nuit
une épée damasquinée,
si vous n’avez jamais osé
regarder en face le soleil d’été
en fermant à moitié les yeux,
vous ne sauriez vous figurer
l’éclat unique du corps royal de Marisol,
ma Bien-Aimée en ce monde
et dans l’autre,
au pays des mille vicissitudes,
comme au paradis des mille joies !


Si vous avez jamais dormi
dans un patio de l’Alhambra
jonché de roses et de jasmins,
comparez le parfum de ma maîtresse
à l’odeur qui monte
des jardins de Grenade
juste avant l’aube,
quand une légère brise
ruisselle sur les orangers,
cependant que la nuit
acquiert une splendeur inouïe,
celle même qui fut jadis célébrée
par Ibn Arabi, le maître de Murcie !


Car, c’est l’heure où naguère
le muezzin de Grenade
appelait les fidèles
à la prière de l’avant-matin,
la jadja des croyants !


Et, si les nuits de Grenade
sont inoubliables,
c’est à cause du parfum
de mon amante andalouse !


Si vous avez vu jamais
un lys blanc
baigné de lune,
alors vous pouvez
parfaitement vous représenter
la blancheur immaculée
des jambes de mon Adorée,
exemptes de tout outrage cutané,
dépourvues de toute tache noire
et de tout grain de beauté !


Si vous n’avez jamais goûté
de raisin suave,
vous ne sauriez vous rendre compte
du goût des mamelons de mon Aimée !


Si jamais, au bord de la Méditerranée,
vous avez cru entendre
chanter les étoiles,
comparez ce chant ineffable
à la musique de la voix
de ma Muse Bien-Aimée !


Si vous n’avez jamais
pleuré d’amour,
si vous n’avez jamais risqué
votre vie pour l’amour,
renoncez à comprendre
l’amour que je ressens
pour Marisol,
mon saule aimé !


PALMES SOUS LE VENT

RECUEIL INEDIT. DU 15 AU 21 SEPTEMBRE 2009