La Rose et son Rossignol


Cependant que la pluie d’amour
ruisselle sur les oliviers,
ne laisse pas dépérir ton rossignolet,
oui, ne laisse pas mourir le rossignol
qui est le chantre infatigable
de la rose de ton derrière,
autrement plus belle
et plus réelle
que tous les feux d’artifice
que les Chinois ingénieux
font exploser
aux anniversaires des empereurs,
à Pékin ou à Nankin !


Mais si les roses sont belles,
c’est que tes fesses sont belles, c’est que tu es plus belle
que toutes les peintures
tracées par des mains de génie !


Car, que sont le gazon
des pelouses les plus vertes,
les plages de sable
de l’océan Indien,
la mer calme des havres grecs,
la brise printanière qui souffle
sur les jardins persans,
oui, que sont toutes les beautés de la nature,
sans ta présence,
sans ton existence ?


Et qu’est le balancement des cygnes
sans le balancement de tes hanches ?


Certes, le vin est glorieux
et les roses sont encore plus glorieuses,
mais plus fameuse
que ces deux inestimables biens
est ta croupe toute large
et toute ronde,
car elle attire tous les regards
et celui qui ne la regarde pas
est indigne d’aimer !


Or, je serais capable de me ruiner
pour ta magnifique hanche,
comme un prince russe
qui perd au jeu,
au grand chagrin de ses proches
et à la grande joie des croupiers !


Et, pour un seul de tes cheveux,
j’irais jusqu’à perdre ma vie !


Ô ma Bien-Aimée,
pour te garder,
je donnerais ce monde
où tout est passager,
oui, je donnerais la terre entière
en rançon !


Que mille hommages soient rendus
sur cette terre d’Iran
irriguée de sang,
à Hafiz, ce flambeau blanc,
cette torche allumée
qui éclaire, aujourd’hui encore,
sept cents ans après sa mort,
le chemin des amants !


Car, c’est Hafiz
qui m’a fait accéder à ta beauté
et m’a fait découvrir
le trésor de ta jeunesse,
jusque là caché !


Et il m’a fait surtout comprendre
que sans rose,
il n’est point de rossignol,
mais la rose, à son tour,
est sans parfum,
sans un rossignol
qui la chante !


VENTS DE QASIDAS

RECUEIL INEDIT. DU 22 AU 27 SEPTEMBRE 2009