La Lune d’Eté


Où est passée ma lune d’été,
celle qui a fait de ma vie
un Paradis ?


Ô amis, sachez que la poussière du chemin
où aujourd’hui marche ma Bien-Aimée,
oui, la poussière de la rue
où elle chemine
est faite d’améthystes,
d’onyx et d’agates,
d’émeraudes et de rubis,
de grenats et de topazes,
de diamants et de perles blanches !


Oui, même la poussière
sous les pieds délicats de mon Adorée
est précieuse !


Ô amis, de grâce,
apportez-moi dans une urne
un peu de la poussière
qu’en ce moment foule ma Bien-Aimée
de ses pas plus légers
que des gouttes de bruine de Septembre
et plus discrets que des pas de chaton !


Ô rossignolet de ma roseraie,
chante les roses au grisant arôme,
pour moi que le char de ma maîtresse
ne cesse d’emporter par les cheveux
vers une destination connue d’elle seule,
tant je suis enchaîné à elle
corps et âme !


Grande est la gloire de mon amante !
Même sur cette terre d’exil,
on ne parle que de la gloire
de mon Aimée !


Mais aussi grande que soit
la gloire de ma fiancée,
je ne prierai pas la lune
de me la rendre,
car ma maîtresse commande
même à la lune !


Or, être privé de sa vue,
c’est être privé de coeur !
Comment vivre sans coeur
qui irrigue de sang
mon corps ?


Le nénuphar du nombril de ma Bien-Aimée
et, à ses yeux,
ce que Delphes est au monde :
il est leur centre !
Voilà pourquoi, regarder son nombril,
et donc, l’avoir près de moi,
c’est regarder le soleil et les étoiles
qui me font oublier toute peine
et tout chagrin
venus de ce monde,
où même la lune croît,
puis décroît,
et où les plaisirs d’amour
durent autant que durent
les violettes au printemps
et les cigales en été !


Or, je n’ai vraiment vécu
que pendant un bref été,
un été qui ne va jamais plus
revenir !


Cependant, je pardonne à ma Bien-Aimée
d’avoir été injuste !
Elle fut peut-être cruelle,
mais elle fut belle !


La Beauté, n’est-elle pas
une suffisante excuse ?


VENTS DE QASIDAS

RECUEIL INEDIT. DU 22 AU 27 SEPTEMBRE 2009