La Chanson des Roses
Ô ma très douce Aimée,
depuis notre premier rendez-vous,
je passe le plus clair de mon temps
à chanter parmi les roses pourpres
à l’enivrant arôme,
oui, je passe le meilleur de mon temps
à chanter des chansons
selon la manière ancienne
qui a subi victorieusement
l’épreuve du temps
et qui est aussi belle
que la manière de chanter
des rossignols perchés sur les hautes branches
des cyprès !
Et de marier la musique de ma flûte
aux sons émis par ma bouche
qui serait en or,
si tu ne m’avais pas chagriné le coeur
par mille minauderies, afféteries,
caprices et sautes d’humeur imprévisibles !
Car, ni les sorts jetés,
ni les formules prononcées sous la lune,
ni les philtres, ni les sortilèges,
ni la pure magie
n’avaient réussi à me faire ce que toi
tu m’as fait,
par tes cheveux châtains et tes prunelles noires,
par tes joues pulpeuses et tes lèvres fruitées,
par ton nez cristallin et ton menton de Madone,
par tes oreilles et ta nuque
de satin blanc,
par ton cou bleu
et ta gorge fraîche comme la source
de la vie,
par ta taille souple et fine à l’extrême
et le balancement de tes hanches
semblables, sous le pantalon moulant,
à de fins vaisseaux,
par les rivières de volupté
de tes reins fulgurants
et les divines délices de tes fesses parlantes,
par tes cuisses glorieuses
et tes jambes, ces flûtes traversières
où je souffle les mélodies
de mon âme,
par ta vulve étroite
et ton nombril auroral,
par tes mains effilées comme des flèches
et tes pieds menus
aux orteils écarlates !
Or, tu m’as enchaîné à ton coeur,
mieux que ne le ferait
aucune sorcellerie
dans ce monde et dans l’autre !
LE CHEMIN DE TAMARIS
RECUEIL INEDIT. DU 28 SEPTEMBRE AU 04 OCTOBRE 2009