À une Courtisane Athénienne


Derrière des tentures
de pourpre d'or,
tu es assise somptueusement parée,
sur un trône élevé
dominant les remparts de la cité
et tu tiens dans ta main droite
le caducée de la paix,
songeant à mettre un terme aux hostilités
entre tes défenseurs ardents
et les partisans farouches
de la loi humaine!


Or, ce sont ta volupté, ta langueur
et ton plaisir
qui sont tes meilleurs défenseurs
aux yeux des Déesses du Désir!


Et tes plus obstinés ennemis
sont pour Elles
les décrets de la République
édictés par le Conseil
et approuvés par l'Aréopage
qui siège sur la colline
protégeant les plus cruels
des hommes mûrs
et les plus durs des vieillards!


Ô la plus sensuelle des courtisanes d'Athènes
et la plus hégémonique des princesses,
sois à la hauteur
des fautes qui te sont imputées
par ces misérables,
oui, ne renie point la liberté
dont te firent cadeau à ta naissance
les Déesses de la Beauté!


Accepte, cependant, de modérer
l'enthousiasme débordant
que tu ressens devant la beauté
afin de parer aux coups
venant des ennemis de la cité
et donc, des ennemis du plaisir!


LES ENFANTS DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2007