L'Eternelle Séductrice


Ô petite épousée,
plus belle que les plus belles
des Déesses,
quel homme serait-il assez présomptueux
et assez insensé
pour résister à ton indicible charme?


Quel être pourrait-il
ne pas regarder comme un bonheur
l'amour que tu offres
à la façon d'un présent de ton coeur?


Qui est celui qui oserait
dédaigner tes faveurs?
Si un tel monstre dénaturé existe,
qu'on le jette dans la géhenne,
qu'on le voue aux gémonies!


Ceux-là même que retiennent
les grâces d'autres dames,
s'ils venaient à te connaître,
ils quitteraient
le cuivre des attraits médiocres
pour l'or de ton regard fascinant!


C'est que tu es semblable à une contrée
au climat tempéré
où tous les contraires cohabitent
et contribuent à l'harmonie
de l'ensemble,
aussi bien la fraîcheur de la neige
et le froid des glaciers
que le soleil ardent de l'été
et le Chien qui souffle le feu
sur les chairs brûlées,
aussi bien la joie des roses précoces
que la mélancolie des chrysanthèmes tardifs,
aussi bien l'air tiède de Mai
que la douceur faisandée d'Octobre,
aussi bien la splendeur de Juin
que l'humilité de Septembre,
aussi bien les giboulées de Mars
que les orages de Novembre!


Oui, tu es tout cela
et, en plus, le sein généreux
par où je respire,
les yeux brûlants et tendres
par lesquels je regarde
et les oreilles fines
par lesquelles j'écoute
la musique ineffable des Dieux!


Ta beauté, en vérité,
passe la beauté tant célébrée
de l'Aphrodite de Praxitèle
et ton impudicité est égale
à l'effronterie de Lakshmi,
et c'est par là que tu me plais,
ô éternelle séductrice!


LES ENFANTS DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT. JANVIER 2007