La Reine Absolue


Lorsque je fais l’éloge de ton corps,
déploie tes mille beautés
comme le paon qui, si on le regarde en silence,
cache sa beauté,
mais dès qu’il s’entend louer
à voix haute,
déploie aussitôt son plumage !


Car même les vierges les plus chastes
sont sensibles aux louanges
que l’on fait de leurs charmes !


Et les cavales qui disputent
le prix de la course,
aiment les applaudissements
adressés à leur gracieuse encolure,
à leur queue avec art tressée
ou à leur crinière
soigneusement peignée !


Chose étonnante, même les déesses
de la légende
prennent un malicieux plaisir
à être préférées,
non seulement aux autres déesses,
mais même aux mortelles !


Lorsque je célèbre ta croupe souveraine,
donne le balancement approprié
à tes deux fesses fermes et rondes
comme des melons de Cavaillon,
en me démontrant de la sorte
la justesse de ma louange !


Et, quand je chante ta vulve,
cette rose au suave calice,
abandonne-toi à la volupté,
en faisant ainsi la démonstration
du bien-fondé de mon éloge !


Et, lorsque je fais des serments
qui paraissent excessifs,
tu dois ajouter foi à mes dires !
Car la divinité pardonne d’avance
les envolées lyriques des amoureux,
même si ceux-ci mentent !


Et l’aimable Ovide
de recommander aux amants,
légers comme des gouttes de bruine
sur les feuilles des saules,
de ne se jouer , si par ailleurs ils sont sages,
que de leurs maîtresses
qui donnent les premières
le mauvais exemple !


Certes, la tromperie n’a pas lieu d’être
entre toi et moi,
et on ne saurait attribuer les défauts
des femmes du peuple
à une dame hors du commun !


Et je sais pertinemment
que, de par ta grande beauté
et ton intelligence supérieure,
tu t’envoles loin
des miasmes de notre cité
où la femme est condamnée
à n’être qu’une tentatrice !


D’un revers de la main,
tu rejettes ce monde
qui ne sait voir en toi
une Reine Absolue !


LA PAIX DES AMANTS

RECUEIL INEDIT. DU 13 AU 19 OCTOBRE 2009