Mamelons de Braise
Tu t’étales, superbe,
dans ta robe en rouge satin de Chine,
fendue sur le côté,
avec ta croupe plus large
que le ciel déployé au-dessus de l’Olympe
ou que la Mer Égée,
et plus dure qu’un bloc de granit,
avec ton ventre plus fertile
que la plaine de Thessalie
ou que la terre de Thrace,
avec tes seins où le miel d’oranger
se mêle au lait
chauffé sur tes mamelons de braise,
avec tes cuisses plus riches
que Crésus,
avec tes épaules de statue
et tes jambes qui chantent
comme les cordes de la harpe !
Puissent les écueils,
lorsque nous voguons sur la Mer Noire,
ne pas interrompre nos étreintes !
Puisse Scylla,
lorsque nous traversons le détroit de Messine,
oui, puisse Scylla
ne pas nous arracher à nos enlacements,
en nous livrant en pâture aux chiens
entourant ses flancs !
Et puisse enfin, Charybde
ne pas mettre fin pour toujours
à nos amours
en nous engloutissant,
elle qui vomit autant de flots
qu’elle en résorbe !
Ô misère, tiens-toi loin de nous
et que les dieux nous préservent
du malheur !
Que l’amour que nous nous portons
l’un à l’autre
soit notre guide sur le chemin
qui nous reste à parcourir
et le garant de notre plaisir !
Or, je te méritai,
ô toi qui te donnas de plein gré
à moi,
ô toi qui devins femme
à l’heure où je devins homme !
AINE DE LUNE
RECUEIL INEDIT. DU 27 OCTOBRE AU 04 NOVEMBRE 2009