La Chanson de Solveille
Ce matin, j'ai parlé au ruisselet
qui dévale le flanc de la colline
où est sise la maison
qu'habite ma Bien-Aimée
avec sa mère
et une petite chienne
qu'on appelle Bergamote!
J'ai demandé au ruisselet:
-Ruisselet, as-tu vu ma Bien-Aimée,
ma fille adorée?
Et voici ce qu'il m'a répondu:
-Je n'ai vu que la cime de la colline
perdue dans l'azur
et le soleil plus brûlant encore
d'étinceler sur la glace
comme le plaisir étincelle
au fond des yeux
d'une jeune femme sur le point
de s'abandonner à l'amour!
Et moi: As-tu entendu
une musique de harpe?
-Je n'ai entendu que le vent
chanter dans les cerisiers
et les renards courir
sur la neige fraîche,
y laissant des empreintes
que toi-même tu peux voir!
Et moi de reprendre:
-As-tu vu un chardonneret
battre des ailes dans la volière
suspendue au balcon de ma Bien-Aimée?
-Oui, j'ai vu le chardonneret
et il m'a semblé singulièrement exalté!
-Que je suis heureux!, lui ai-je répliqué!
C'est le petit chardonneret
à qui Solveille chanta
son immortelle chanson d'amour
comme à une feuille de nénuphar
qu'elle serrerait contre son coeur
devant la cheminée de jasmins,
dans la petite maison blanche
au toit de tulipes rouges
et devant laquelle tu passes,
ô ruisselet digne de foi,
ô messager de l'Amour!
LE TOIT DE TULIPES ROUGES
RECUEIL INEDIT. JANVIER 2007