Promesse d’Amour


Ô vierge plus belle qu’un laurier blanc
et plus embaumée qu’un blanc magnolia,
je veux appeler les choses par leur nom :
je brûle pour toi,
je brûle pour tes grands yeux noirs
et pour ta croupe plus dure
que le noyer massif !
Et voilà le maître mot,
la maîtresse phrase qui dénonce à toi
ma flamme !


Pardonne à ce mien aveu,
je t’en prie,
et continue à psalmodier
cette lettre qui a tout d’un cantique,
avec des lèvres suaves
qui seules conviennent à ta douce beauté !


Or, il importe que tu saches
que tu m’as été promise
par la Déesse née à Paphos,
Aphrodite en personne !


Et voilà pourquoi je prie la Déesse
de permettre la réalisation
de mes voeux te concernant
et de calmer mon coeur surexcité,
comme elle sait calmer l’onde
dont Elle est la Fille !


Sache aussi que je te désirai
avant que tu fusses connue de moi
et que je vis ton visage par l’esprit,
avant de le voir
par les yeux de mon corps !


Et, de même que la flamme
dont brûlait jadis Pâris
pour Hélène de Sparte,
la fille de Léda,
devint plus tard la torche
qui consuma Troie,
de même, et plus modestement,
la flamme dont je brûle pour toi
est la torche qui menace
de consumer ma chair
et mon sang !


Ah ! Comme je dédaigne
les autres beautés,
depuis que j’ai conçu l’espoir
de te faire mienne !


Or, je te vois avec les yeux
dans la veille
et je te vois avec l’esprit
pendant la nuit !


Ô jouvencelle que j’adore,
donne-toi,
donne-toi à moi,
et tu connaîtras l’extraordinaire constance
qui est la mienne :
on ne pourrait m’arracher à tes bras
sans me couper la tête !


Vois cette plaine étale,
plantée de milliers d’oliviers fertiles,
elle est pareille à ma poitrine
baignée de la lumière
d’un soleil fidèle
à ses promesses d’amour !


Et, de même que les oiseaux
chantent avant de se coucher
pour la nuit,
de même nous,
avant que nous dormions ensemble,
nous chanterons l’épithalame
de la gloire !


AINE DE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 27 OCTOBRE AU 04 NOVEMBRE 2009