Le Portique de la Beauté
Ô toi qui es plus belle
que tous les portiques d’Athènes et de Rome,
ô toi dont les formes sont plus opulentes
que la somptueuse Asie elle-même,
emporte-moi
comme Aurore emporta Tithon,
oui, entre dans ma couche,
comme Aphrodite monta dans le lit rustique d’Anchise,
sur les cimes de l’Ida phrygien !
Ah ! Comme j’admire ta croupe
qui a été bâtie au son de la lyre d’Apollon
et à l’harmonie de laquelle
contribua fort Neptune,
en lui donnant la plasticité de l’onde !
Tous mes désirs sont tournés
vers tes seins
que me laissa découvrir
ta tunique entr’ouverte :
ils sont plus blancs que la nacre indienne
ou que la neige toute fraîche
ou enfin, que le blanc cygne
et le lait de chèvre !
J’ai beau essayer d’éteindre la flamme
dont je brûle
dans le vin rouge,
vains sont mes efforts,
car l’ivresse dans mon cas
agit comme le feu sur le feu !
Ah ! Si tu pouvais être
le prix d’une lutte terrible
comme celle qui opposa Hercule à Achelôos
et dont le trophée pour Hercule
fut la belle Déjanire !
Ah ! Si tu pouvais être
ma récompense pour ma victoire
dans une course emportée haut la main,
comme le fut Atalante pour Hippomène
ou une fille de roi comme Hippodamie
pour Pélops !
Ô toi qui serais digne
d’être la femme de Zeus,
ne dédaigne pas mon amour,
car celle-ci est voulue par le destin !
En effet, comme tu le sais,
pour te rencontrer,
j’ai dû traverser toute la Méditerranée !
Or, à la veille de la traversée,
on m’a prédit que je rapporterais
de cette mienne aventure
un incendie fatal !
Voilà qu’aujourd’hui,
cette prophétie se réalise !
Ô plus belle que la plaine du Gange,
ne résiste pas
à la volonté qui est celle des Dieux,
sois-moi propice,
et laisse-toi posséder !
VENT DU SUD
ENCRES VIVES. COLL. LIEU. JANVIER 2010