La Fontaine d’Hymnes


Ô beauté
digne qu’on prenne les armes
pour toi,
tu t’abuses, si tu crois
que les hommes de peu
que tu côtoies
ont la moindre connaissance
de la valeur de ton corps,
sans parler des qualités de ton coeur
et des vertus de ton âme !


Voilà pourquoi, ils te laissent dormir
toute seule,
sur un lit de veuvage !


Et même quand ils entrent dans ta couche,
ton lit reste désespérément vide,
car, en te frustrant de tes rêves,
ils n’aident guère à la réalisation de tes voeux
et n’accomplissent point tes désirs !


Puisse une volupté commune
nous unir,
toi à moi, moi à toi !


La nuit de notre plaisir partagé
sera plus éclatante
que le milieu du jour
au mois de Juin !
C’est durant cette nuit-là
que, dans les termes
dictés par toi,
je m’engagerai à t’aimer
puissamment et durablement !


Or, je m’endors quand j’entends
des discours sur la vertu !
Car pour moi, la Vertu, la Noblesse
ou la Justice, c’est toi,
ô beauté,
digne qu’on prenne le maquis
pour toi !


C’est que tu fais oublier
les raisins amers
récoltés sur des champs stériles !


Et tu es une fontaine
pavée de myriades d’hymnes
et illuminée d’autant de cantiques !


VENT DU SUD

ENCRES VIVES. COLL. LIEU. JANVIER 2010