Vent du Sud


Le vent agité du Sud,
celui que les Grecs appellent Notos,
et les Latins Notus,
oui, ce vent fou
me pousse vers tes appas
plus doux que miel et sucre,
plus poivrés que le piment d’Espagne
et plus salés que la Mer Morte !


Et nous voilà enlacés
sur un lit d’or
et sous un somptueux baldaquin azuré
dont l’un des côtés représente Aphrodite
dans une attitude d’attente
et entourée des Amours
qui, les uns chevauchent des oiseaux,
et les autres portent des roses
ou tressent des couronnes d’oeillets rouges !


Sur l’autre côté du baldaquin,
l’on voit le Dieu de la Guerre,
Arès-Mars,
qui se prépare à faire l’amour
à Vénus,
vers qui le guide Cupidon
avec un flambeau allumé !


Ô nuit la plus désirée
de toutes les nuits,
combien il a fallu d’émotions
pour en arriver là,
oui, combien de larmes de sang
il nous a fallu verser
pour qu’ arrive enfin
ce moment délicat,
où nous nous mêlons
l’un à l’autre,
en joignant nos lèvres
en un baiser unique,
cependant que la pensée de l’un
passe dans l’âme de l’autre !


Ah ! Au plaisir que je ressens
à entrer dans tes entrailles,
je mesure ta volupté
à te faire pénétrer,
ô femme plus large
que la Générosité,
plus libre que le Libertinage
le plus téméraire
et le plus avancé
ou le plus savant,
et plus immatérielle
que l’arc-en ciel
ou que les nues pourpres
ou cramoisies ou violettes
du couchant !


Ah ! Comme il est développé
chez toi
le goût de la provocation !
Lorsque tu es habillée
et que tu marches devant moi en triomphe,
tu me fais entrevoir,
par la fluctuation des muscles
de ton fessier,
le labyrinthe de ton vagin,
de ta matrice, de tes trompes
et de tes ovaires !


Ô jeune femme plus orageuse
que la pluie automnale,
lorsque elle tape sur le toit
et sur les vitres,
et plus tumultueuse que le vent du Sud,
quand il souffle sur la Grèce,
venant du côté de Libye,
je te sais gré
de m’avoir révélé
l’univers fabuleux ou onirique
du ventre de la femme !


VENT DU SUD

ENCRES VIVES. COLL. LIEU. JANVIER 2010