Bonheur de Météorite
Au matin, ma Bien-Aimée et moi,
nous nous levons frais et dispos,
après nous être donné l’un à l’autre
durant toute la nuit
une félicité rêvée depuis notre naissance !
La vie nous semble alors
une fête ininterrompue,
ponctuée de festins !
Et de nous tenir étroitement enlacés
devant le hublot de notre navire
qui nous emmène vers les contrées
dont nous avons toujours rêvé
et qui nous ressemblent !
Et cependant que nous sommes enlacés,
nous roulons dans nos têtes
mille pensées de vents favorables
et de réjouissances
sous le ciel étoilé de l’été !
Pourtant, nous nous interrogeons
sur la question de savoir
s’il nous sera donné
de toujours vivre ensemble,
elle et moi !
Et de formuler intérieurement le voeu
d’être toujours
l’un près de l’autre,
et préservés du mal !
Car ce qui nous console
des malheurs passés
et nous fait envisager l’avenir
avec un sourire,
c’est le fait de nous savoir,
dans cette traversée
qu’est notre vie,
oui, c’est le fait de nous savoir
l’un à proximité de l’autre !
Accoudés au bastingage,
nous regardons défiler
devant nos yeux
les ciels et les terres,
les côtes boisées et les falaises abruptes,
les plages de sable
et les rivages rocailleux,
les baies et les criques
et les grands ports
et les havres !
À midi, se découvre devant nous
Myconos l’Immaculée,
pareille à un aigle de mer
posé sur un roc de cristal
ou à une cigogne
qui porterait sur ses ailes royales
Aphrodite Nouveau-née,
la future Reine des Cieux
et des Îles Fortunées !
Dès que nous débarquons à Myconos,
la foule aimable
se prosterne devant nous,
car nous sommes beaux !
Après avoir déjeuné sur une terrasse
qui domine un abysse
de blancs hérons volants,
nous passons en petite embarcation
de Myconos à Délos,
où nous offrons,
moi, un sacrifice à Apollon,
le Dieu des poètes
et le Dieu tutélaire de l’île,
et elle, un sacrifice à Artémis,
la Grande Déesse
née à Délos,
la Déesse qui n’est autre
que la Diane des Latins !
Puis, on nous fait visiter l’endroit
où se dresse le palmier esseulé
où s’est accroché Léto,
la Latone des Latins,
pour accoucher des deux jumeaux,
Apollon et Artémis-Diane !
Et, quand le soir vient
sur les ailes d’un léger zéphyr,
je prends ma lyre
et j’improvise l’hymne présent
qui traversera,
ainsi qu’un météorite,
la nuit d’Août,
en illuminant les îles de l’Égée
et les côtes d’Asie Mineure !
VENT DU SUD
ENCRES VIVES. COLL. LIEU. JANVIER 2010