À une Femme sans Joug
Ni les cités bien tracées,
ni les monuments imposants,
ni les villas somptueuses
n’ont ta saveur,
ô toi qui es plus majestueuse
que tous les chênes de Dodone,
plus magnificente
que tous les soleils couchants d’Asie
et plus triomphale
que tous les arcs de triomphe de Rome !
Ni la cuisine savante,
ni les poissons de mer,
ni les viandes succulentes,
ni le gâteau au chocolat,
ni les fruits, ni le lait de vache
n’ont de goût pour moi,
depuis que tu m’as juré,
à la fois sur les Nymphes et sur Pan,
de toujours m’aimer !
Ô toi qui es plus tendre
que le veau nourri à l’étable,
je voudrais devenir un taureau
et ne me nourrir
que d’herbes et de feuilles,
à condition toutefois
que je puisse contempler à loisir
tes grands yeux de génisse
et ta croupe délicieuse de jeune fille !
Tu serais alors ma vachère,
et quant à moi, j’obéirais aux accents
de ta flûte de Pan
rivalisant avec le bruissement des pins
et le ressac de la mer
toute proche !
Car j’ai rencontré en toi
une beauté de femme libre,
ayant rejeté tout lien de vassalité !
L'ARMEE DU PLAISIR
RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 29 NOVEMBRE 2009