Ivresse Alexandrine


Je ne saurais regarder avec faveur,
voire avec sympathie,
qu'une femme bien faite,
au corps pareil à une construction
en pierres de taille
solidement réunies entre elles
par des crampons,
oui, une femme qui possède un corps bien tourné,
à la chair absolument vigoureuse,
idéalement robuste,
dotée d'une armature de nerfs délicats
et omniprésents!


Oui, je ne saurais avoir des faiblesses
que pour une dame aux seins imposants,
à la vulve saillante
et à la croupe bien rebondie en arrière,
tantôt ramassée comme le poing d'un lutteur,
tantôt rigide comme la corde raidie
d'un arc tendu,
bien large, bien ouverte au milieu,
aimablement ronde,
aux courbes de pleine lune d'Août
ou de soleil couchant en Afrique, en Inde
ou au Siam,
souple comme un rameau de saule,
élastique comme une anguille
ou un serpent de mer
ou une holothurie
et pleine d'un total abandon
qui seul sied aux courtisanes et aux saintes!


Oui, j'aime les dames sans fausse pudeur
et sans vaine pudibonderie,
et surtout celles qui savent se balancer
sans excès, mais avec grâce,
car c'est le balancement de ses fesses
et l'ondoiement de tout son corps
qui distingue la femme de l'homme!


C'est sans doute le vin d'Alexandrie
que transporte mon esprit
qui explique mes goûts
en matière d'amour!


Or, mes goûts sont ceux
d'un homme de l'époque hellénistique,
oui, d'un homme des temps baroques
et non pas classiques!


Et voilà pourquoi, tel un nouveau Laocoon,
je suis attaqué par des boas énormes,
envoyés par des dieux ennemis,
et dont les têtes j'écrase
sous mes mains herculéennes!


FILLES DE LA MER

RECUEIL INEDIT. DU 30 NOVEMBRE AU 08 DECEMBRE 2009