La Femme-Baobab
Je vis comme un homme de l'âge d'or,
libre de toute contrainte,
débarrassé des contingences,
sans soucis, nourri par le soleil de ton âme
et par l'arbre béni de ton corps!
Plus que de l'émerveillement,
plus que de l'enthousiasme,
j'éprouve du respect pour ta beauté
que je considère comme un cadeau du ciel!
En effet, comment ne pas être bouleversé
par le rêve de ta hanche
plus large que haute,
pareille à un baobab du Sénégal
dont le tronc atteint
trente mètres de circonférence
ou à un énorme dragonnier
des îles Canaries?
Or, tu as le privilège insigne
de posséder une croupe
plus dure que le bois de platane oriental,
et en même temps plus blanche
et plus douce que la chair de la noix de coco!
Oui, ta croupe évoque pour moi
le fruit merveilleux, blanc et farineux,
de l'arbre à pain,
l'Artocarpos des savants,
assurant la subsistance des Moluquois
et des habitants des îles de la Sonde,
voire de Tahiti!
Et tes seins produisent un lait
plus épais que le lait de l'arbre dit de la vache,
cependant que toute ta chair
possède les vertus du sagoutier d'Amérique
que les Espagnols nomment l'Arbre de la Vie
et dont on tire une farine
appelée le sagou, du vin
et du fil à tisser des hamacs,
des filets et des vêtements!
Pourquoi me plaindrais-je,
puisque tu es plus belle que l'Éden
et qu'à chaque nouveau matin
passé sous les palmes polynésiennes,
je rêve à toi
et à ton balancement
rouge comme le feu?
LA REINE DES PALMES
RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 25 DECEMBRE 2009