La Déesse au Bain


Ô toi don’t le ventre est
un jardin de citronniers en fleur,
de caroubiers, de pêchers,
d'abricotiers, de cerisiers et de pruniers,
tu as poussé si loin
les raffinements de l'art balnéatoire
que lorsque tu pénètres
dans l'eau parfumée et limpide
du bassin sablé de poudre d'or,
tu sembles aussi heureuse
qu'Aphrodite au bain,
entourée des Grâces,
les Charites des Grecs,
qui l'éclaboussent d'écume savonneuse,
tout en riant,
plus enjouées que les Amours eux-mêmes
et plus vives que l'onde d'une rivière
comme l'Achelôos traversant l'Acarnanie
et se jetant avec force
dans le golfe de Patras,
ou comme l'Axios macédonien,
mêlant dans son embouchure
ses eaux à celles de la mer Égée,
bannière depuis toujours des Achéens
et des autres peuples de l'Hellade!


Ô toi que j'aime plus que mon esprit
et que mon coeur,
sache que pendant longtemps
j'ai regardé le soleil
sans en être ébloui,
mais je ne puis fixer mon regard
sur ta belle croupe de lionne
sans ciller,
sans baisser les yeux!


Et de baiser le satin des coussins
où tes fesses ont laissé leur large empreinte,
comme le sable fin
où s'inscrivent tes pas,
plus timides que les pas d'une biche
et plus légers que ceux d'une Nymphe des bois,
ou d'une Néréide marchant sur la mer!


Non, je ne manque pas une seule occasion
de te dérober avec les yeux
quelque aspect de la tienne beauté!


Or, quel autre est le paradoxe du poète,
sinon celui de son audace folle
et qui consiste à aimer même les étoiles
et même les Déesses,
telles que toi, ô plus belle et plus ardente
qu'Aphrodite?


PREMONITION D' ETE

RECUEIL INEDIT. DU 26 DECEMBRE 2009 AU 03 JANVIER 2010