À la Descendante des Ptolémées


Comme un aigle
que le soleil bien-aimé
n'éblouit point,
je contemple ta hanche
arrondie comme une croupe de lionne
et déployée ainsi qu'une aile de fauconne
ou comme la Table Ronde
où dînent les chevaliers
du Roi de Bretagne!


Ô ma délicieuse Bien-Aimée,
il me semble que rien qu'à te caresser,
mon verbe s'épanouirait
par toute la campagne fleurie
et par toute la mer turquoise
où dansent les dauphins agiles
qui sont tes dames d'honneur
métamorphosées en poissons!


Quand je te surprends
en train de te promener
dans une allée d'orangers,
tout en te balançant
à ton aise,
je crois voir l'étoile de Bethléem,
l'étoile même qui apparut
lors de la naissance de Notre Sauveur!


Moi, que rien de ce qui touche
le commun des mortels
ne m'impressionne,
je suis ému
par les mouvements ondulatoires
de tes flancs de Reine!


Je voudrais être Marc-Antoine,
l'audacieux Romain,
pour t'épouser,
ô femme bienheureuse
comme Cléopâtre
et comme elle
la préférée du soleil!


Oui, je voudrais être
un conquérant dionysiaque
qui s'unirait à toi
qui es au premier rang
du cortège joyeux de Bacchus
dans Alexandrie,
la folle ville égyptienne
où les courtisanes sont portées en triomphe
sur leurs chars d'or
étoilés de rubis!


Oui, soyons, moi et toi,
un patricien et une patricienne
inimitables,
moi, ton sujet,
et toi, ma souveraine!


Et mettons-nous à la tête
du thiase mystique
de Dionysos et d'Ariane
dans Alexandrie,
la cité fondée par Alexandre,
le nouveau Dionysos,
oui, dans Alexandrie,
la capitale des Ptolémées
qui sont tes ancêtres,
égaux des Dieux!


LE SECRET DES CHERUBINS

RECUEIL INEDIT. DU 2 AU 8 MARS 2007