La Gazelle Blanche


Ô jeune fille adorée,
tu es une perle
qui vient d'être retirée de la mer
et qui n'a pas encore été perforée
ou colorée!


Tu es plus tendre
et plus fine
qu'une blanche gazelle
au cou orné d'un collier de saphirs!


Quand je te caresse,
je crois toucher des flocons
de neige chaude!


Je t'ai surprise un jour
en train de prendre ton bain
dans un bassin d'or
et, depuis, je ne rêve plus
que d'entrer en toi
par une aube de Mai,
où les rossignols chanteront
sur les plus hauts rameaux
d'un olivier attique!


Je suis jaloux du vent
qui joue avec ta grande chevelure
semblable à une grappe
de raisins muscat,
ainsi qu'avec ton pubis
couleur de charbon
comme tes prunelles,
plus belles que les hymnes d'Homère
et que les poèmes de Sapho!


Mais les plus beaux poèmes
de ton corps,
sont, sans contestation possible,
tes cuisses solides
qui soutiennent l'arcade de granit rose
de ta croupe
qui frémit sous mes baisers
comme un aoud d'Irak
ou comme une guitare de Séville!


T'entendre parler
par un doux crépuscule de printemps,
c'est écouter une sonate pour flûte seule
de Jean-Sébastien Bach
dans la chambre d'une Reine,
ou couché sur une pelouse du Paradis,
parmi les pâquerettes et les marguerites!


Jusqu'à quand envierai-je ton miroir
qui contemple tes endroits les plus secrets?


Jusqu'à quand jalouserai-je le soleil
qui pénètre dans ta vulve
à travers la large baie vitrée
de ton alcôve?


Puissé-je un jour
dormir avec toi,
en un triomphe d'émeraudes
et de rubis,
et au milieu de tigresses
aux yeux d'or!


Car inépuisables sont mes réserves d'amour
que toutes les horreurs de ce monde
n'ont pas réussi à entamer!


Et les femmes auront toujours beau jeu
de se cacher de mes regards
derrière un écu d'acier
et de mailles de fer
insensibles à mon poignard,
toujours je parviendrai
à lire dans leurs rêves
les plus intimes
et les plus occultes!


LE SECRET DES CHERUBINS

RECUEIL INEDIT. DU 2 AU 8 MARS 2007