En Hommage À Paul Verlaine


Ta croupe est une coupe d'infini,
Débordant de vin vieux de Madère
dont quelques gouttes
sont déjà tombées
dans le temple shivaïte de mon phallus
et dans le palais de mon coeur
ombragé de palmes atlantiques!

Mon sexe
S'élève au crépuscule
Vers l'azur de ton cul suave
Comme une étoile de mer
Et doux comme le chant des houris
Au paradis de Mahomet
Ou comme la musique des Walkyries
Au Valalha, cet élysée germanique
Où les héros solaires,
Après des travaux surhumains
Accomplis sur la Terre,
Se prélassent en compagnie de jeunes filles
Au derrière agréable et délicat
Comme le son du clavecin
A la Cour de Louis Quinze,
Roi bon vivant, s'il en fut,
Et pour cela loué par Saint Verlaine,
Apôtre et martyr de la cause de l'amour,
La plus sublime
Et la plus religieuse
Des causes!

Avec Verlaine, en effet,
Je pense que le coeur du poète
Est le plus pénétré
Par les fesses des femmes
Et le plus blessé
Par les rondeurs de ces dames
Et le plus profondément tourmenté-
Ô doux supplice , ô charmante félicité!-
Par leurs vagins
Aux senteurs marines!

Certes, ce merveilleux
Evangéliste de la vulve
Et grand apôtre de la hanche féminine
a-t-il aussi chanté
des amours différentes!

Cependant, le grand Verlaine
A dit des choses si bouleversantes
Sur l'amour des femmes
Que ces dames,
Si peu ingrates d'ordinaire
Dès qu'il s'agit de sexe,
Devraient faire ériger un monument
Afin d'y célébrer
Un culte à lui consacré,
Et porter en procession
Toutes nues sa dépouille
Au Panthéon
Où reposent les grands amants
De France!

En vérité, quand je rêve
De tes cuisses au galbe parfait,
Je ne puis m'empêcher
De songer au délicieux Verlaine
Comme au plus galant des martyrs!

Or, qui a porté
Des bijoux plus fins
Au mont- de –piété
Des Dieux de la Poésie?

Qui a élevé des hymnes
Plus émouvants à la Madone
Et qui a le plus intensément
Célébré le con des filles
Ainsi qu'il l'appelait
En sa langue peu châtiée,
Franche et salubre
Comme la Mère Nature?

C'est pourquoi,
Observant ici une pause
Dans l'ode interminable
Que je t'adresse,
Ô amante maudite et désirable
A la fois,
Je rends un hommage de passion
Au poète de l'absinthe,
Des banquettes des cafés,
Des amours putanesques
Et pédérastiques,
A l'image de Janus,
Ce dieu romain aux deux visages,
Et à l'amant du Bel Arthur!

On dit que seules
Les filles de joie
Ont pleuré sa mort!
N'est-ce pas là
La réalisation d'un voeu de poète,
Vieux comme le monde!

C'est, en tout cas,
Mon rêve le plus prenant,
Le plus fier!

Ô Verlaine, enfant terrible
D'un siècle de terreur,
Accepte ces roses de Perse
Que je viens déposer
Sur ton tombeau
Au nom de tous les amants,
Et des plus grandes amoureuses!

En toi nous reconnaissons
Le plus direct des descendants
D'Omar Khayyam
Et le plus légitime des héritiers
Des Grands Persans!


SOLEILS DE SABLE

RECUEIL INEDIT. MAI 2003