La Pagode de l'Amour


Je suis le poète espiègle
qui a dérobé à une princesse ses fards,
afin d'écrire sur une feuille
promise à une somptueuse destinée
les vers suivants,
dédiés exclusivement à ta beauté:
"Ta verdoyante tête est
la montagne des musiciens célestes,
appelée Hamakoûta par les Hindous,
et d'où s'élance la rivière d'or
qui, après avoir traversé ton corps étoilé,
se jette dans l'océan Pacifique
de ta vulve de rêve!"


"D'entre tous les lieux
du vaste monde,
il est celui qui est le plus propice
au recueillement
et à la contemplation!"


"Tes mamelles, elles,
forment un lac
doré par le pollen des nénuphars!"


"Mais ta croupe offerte à mon phallus
est la roue
ou le soleil rayonnant
qui est le signe de la souveraineté
de par lequel, sans contestation concevable,
tu es Reine des Indes,
pays par définition de la Loi
ou du Dharma!"


"Ô ma Bien-Aimée,
sache qu'avant de faire ta connaissance,
j'étais égaré dans la nuit noire,
sans logis, sans nourriture
et sans lit où me reposer!"


"Mais à présent, je suis devenu immortel,
puisque j'ai tes longs yeux noirs,
ombragés de tes longs cils,
et ta bouche où luisent tes dents immaculées,
irriguées par tes gencives fraîches!"


"Tu es ma couronne de roses,
ma rosée et le parfum
que je préfère à tous les autres!"


"Et je t'aime parce que tu es la lumière
à laquelle le soleil
emprunte son éclat!"


"Sache qu'un de mes noms,
c'est Sarvadamana,
c'est-à-dire celui qui dompte les fauves
et les jeunes filles!
Et j'ai fait de toi,
qui étais pétrie de dédains irraisonnés,
le palais de la générosité
et la pagode de l'amour!"


"Voilà pourquoi, tu es présentement
pour moi
comme une contrée enchanteresse,
comme une île devineresse,
tiens, comme un Sri-Lanka
où l'on nagerait dans l'Infini azuré
du nectar!"


L'AMOUR D'UN BANYAN

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 28 MARS 2010