L'Infante de Velasquez


Je me sens comme un porcelet
que sa mère allaite
depuis que, pleine de caresses
dans les prunelles,
tu m'as souri avec une amène tendresse!


Et je mesure aux battements de mes cils
et aux frémissements de mes mains,
les heures qui me séparent
de notre prochain rendez-vous,
fixé à cinq heures
de cette après-midi de Mai!


Comme je voudrais respirer
ton parfum de rose
et pénétrer ainsi qu'une abeille
dans ton calice,
afin d'y recueillir ton nectar!


À travers ton cou lisse de tigresse,
on voit ta sève
tracer des cercles
qui montent vers ton cerveau
dont l'éclatante jeunesse
humilie la splendeur du lotus de l'Inde!


Ta taille et ta hanche sont
un serpent qui danse
au bout d'un bâton de charmeur
et, cependant, je ne me sens pas damné
par ton corps flexible,
mais, au contraire, ressuscité
après un long séjour en enfer!


Car, ce serait t'abaisser
au rang d'une femme de néant
que d'introduire la notion de damnation
dans mon désir innocent
pour ta chair, non moins innocente!


Or, tout en toi dénonce au soleil
une pureté d'Infante de Velasquez!


CORPS DE LIBERTE

RECUEIL INEDIT. DU 9 AU 15 MARS 2007