Prière à la Déesse-Soleil

Ô ma Déesse-Soleil,
quand tu nais,
tu dépouilles la Nuit
de ses étoiles,
afin d'en parer
ta chevelure embaumée!


Et voilà sans doute
la cause de ton éclat
plus fulgurant que l'éclair de Zeus!


Ô Déesse à la beauté splendide,
toi dont les prunelles
jetant des flammes
voient tout
et prévoient tout,
apprends-moi,
oui, dis-moi,
où me trouverais-je demain?
Naviguerais-je dans les Dardanelles
ou dans le détroit de Gibraltar?


Et ma Bien-Aimée,
que fera-t-elle?
Versera-t-elle des larmes
sur mon éloignement
de la terre des ancêtres?
S'inquiétera-t-elle
de mon absence prolongée?


Souffrira-t-elle
comme Déjanire souffrait
des absences d'Hercule?


Laisse-moi supposer,
ô ma Déesse Vénérée,
qu'elle se promènera demain
sur la plage
en balançant ses fesses,
comme elle aime à le faire
quand elle rêve à moi!


Sa croupe voluptueuse
évoquera alors la mer
qui, sous l'inlassable souffle
des vents du midi ou du nord,
est submergée de lames
qui tour à tour s'éloignent
et se rapprochent du rivage!


Or, pareille à tes hanches balancées
et à la mer agitée
est ma vie aux labeurs sans fin,
innombrables comme les flots furieux
de la mer de Crète!


Ô prêtresses admirables de Dodone,
conseillez, vous qui êtes sages,
oui, conseillez à ma femme adorée
de ne pas faiblir dans l'adversité
et de conserver l'espérance
comme au premier jour!


Dites-lui, mes prêtresses,
qu'il n'est point de vie
sans souffrances,
comme sans joies!


Peines et moments agréables alternent
sans jamais s'arrêter,
comme les astres de la Grande-Ourse
qui jamais ne se lèvent
et jamais ne se couchent!


Puisse-t-elle dormir cette nuit,
et puissé-je à l'aube
être de retour
auprès de l'épouse chérie,
sur la terre antique!

CERISIERS SAUVAGES

RECUEIL INEDIT. DU 29 MARS AU 05 AVRIL 2010