La Chanson d'Avril


Puisse le poème présent
être un chant de victoire
où l'hyacinthe se mêlera à la vineuse améthyste
et la pâle agate à l'escarboucle,
brillante comme une lampe!


Et déjà le coquelicot,
rouge comme ton amour,
danse avec la jaune marguerite d'Avril,
cependant que la violette sombre
fait l'éloge de son propre parfum,
sous un palmier femelle
aux fruits accablés de soleil de midi
et que la blanche marguerite australe
au calice foncé
vibre sous la brise de mer tenace!


Et moi de m'émerveiller
de ta chevelure de jacinthes bleues,
au milieu de laquelle fulgure ton regard,
plus étincelant que le soleil de Syrie
et plus opulent que Chypre la Fertile,
île à laquelle Aphrodite la Cypris
donna son nom,
béni par toutes les générations
qui se sont succédé sur le sol hellénique
depuis le rapt d'Europe
par un taureau divin
et son arrivée en Crète,
berceau de la dynastie
fondée par Minos,
le fils d'Europe,
et de Zeus, le ravisseur de jeunes femmes!


Regarde ce parterre de fleurs:
il est aussi blanc et aussi frais
que le bloc de tes fesses
où fleurit la chanson éternelle d'Avril,
mois où Aphrodite est née
du sperme du Ciel,
mêlé à l'écume blanche
de la mer de Chypre!


LA LICORNE DE L’AMOUR

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. FEVRIER 2001