Caresses de Coquelicot


Lorsque, de la terrasse de café
où je languis de ta beauté,
je te vois passer sur le chemin,
tantôt vêtue d'une robe rouge à volants,
tantôt d'un pantalon moulant
et d'un chemisier de dentelle,
parée et fardée
comme pour aller au théâtre
voir une tragédie de Sophocle
ou une comédie de Ménandre,
oui, lorsque je te vois passer,
mon désir fonce dans l'azur
ainsi qu'une alouette,
bien au-dessus des miasmes de ce marais
dont je suis le prisonnier,
devenu mélancolique
à force de boire l'eau impure
qui fait les délices des anophèles
et de toutes les petites créatures nocives
qui vivent de l'eau stagnante!


Car, lorsque je t'aperçois,
je deviens la proie des flammes
lancées par tes prunelles couleur de charbon
qui me brûlent,
par tes cils, tes sourcils
et tes cheveux d'ébène
qui me fascinent,
et par le balancement séditieux de tes fesses
qui me consument l'âme
et me bouleversent le coeur!


Oui, je place toutes mes espérances
d'une libre existence
sous le soleil de Mai,
dans ton passage quotidien
près du bistrot où je me poste toute la journée,
dans l'attente d'une transmutation de ma vie,
grâce à l'acte de possession de ton corps,
plus beau que celui d'Amphitrite
et plus gaillardement voluptueux
que le corps de Cypris!


Ah! Comme les coquelicots de Mai
caressent mes yeux!
Puisses-tu un jour
me faire des caresses de coquelicot
avec tes mains plus fines
que les ailes d'un papillon!


FIDELES AU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 11 MAI 2010