Le Paradis de la Grâce


Toutes mes heures sont nourries
par l'espoir que soulève dans mes viscères
ta beauté subtile comme l'éther,
plus distinguée qu'un cygne,
plus élégante qu'un héron,
plus délicate qu'un coquelicot,
plus tendre qu'un petit moineau,
plus naïve qu'une vierge indienne,
plus immaculée qu'une Déesse,
plus harmonieuse qu'une vigneraie
et plus mélodieuse qu'une oliveraie
dans le vent du Midi!


Y-a-t-il plus belle chose,
plus parfumée
et plus fragile,
que le verger de ton corps
où les grenadiers de tes seins
croisent les pêchers de tes reins
et où l'abricotier de ta vulve
embrasse les pastèques opulentes de tes fesses
et les melons embaumés de tes cuisses?


Et dire que ce verger est arrosé
par la rivière violette de tes prunelles,
par la sueur parfumée de tes aisselles,
par l'eau nourricière de tes lèvres
et par le sang de tes menstrues!


Ah! Comme ma tête est hallucinée
par ta beauté et par la fraîcheur de ton âme!
Et comme mes tempes sont perdues
dans le brouillard de l'inconscience
et de la félicité,
lorsque je rêve de toi!


Lorsque je te sens près de moi,
mon coeur s'arrête,
pour reprendre de plus belle ses battements,
plus gai qu'une alouette
qui surgit d'un champ de blé
au matin
ou que la plaine de l'Hèbre
sous le soleil de midi,
au printemps!


De même, quand tu m'approches,
mon sang se fige momentanément,
pour reprendre peu après sa circulation,
présentement triomphale!


Or, à chacun de nos baisers sur la bouche,
je ne me sens plus de ce monde:
j'entre au paradis de la grâce
qu'est ton amour!


FIDELES AU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 11 MAI 2010