Don Juan et Don Quichotte


Ô âme de ma vie,
toi qui es plus rafraîchissante
que le vent du Nord
au sein d'un été torride
ou qu'une tasse d'eau glacée
dans une bouche que consume la fièvre
et dessèche la soif,
ne me fais pas l'injure
de me prendre pour un seigneur orgueilleux,
volontiers gouailleur,
et cela parce que, dans mes odes,
mes psaumes ou mes cantiques,
je chante les innombrables beautés
de ton corps riche en courbes
avec des mots crus
que ne désavoueraient pas les courtisanes
et leurs amis,
les vieux satyres
et les jeunes débauchés!


En réalité, peu de héros de roman baroque
ont la noblesse de mon coeur,
oui, de mon coeur pareil à une houle
aux vagues de soie
se brisant sur le rivage de pierres claires
et propres avec fracas!


Je suis en vérité un noeud de contradictions:
je suis à la fois pudique et libertin,
timide et téméraire,
rigoureux et écervelé,
raisonnable et fou!


Bref, je tiens à la fois de l'homme du peuple
le plus solide ou le plus honnête
et du gentilhomme aux idées romanesques
ou généreuses jusqu'au sacrifice de soi!


Oui, je suis un de ces nobles
qui, si ils n'étaient pas retenus,
ils jetteraient au peuple
des roses rouges
mêlées à des pièces d'or,
à des souverains, à des réaux d'Espagne
ou à des ducats!


Or, je suis à la fois un Don Juan
joyeux et transgresseur,
mais seulement en paroles,
et un Don Quichotte
prêt à enfourcher sa Rossinante
pour aller à la recherche d'une Dulcinée
évanouie dans le temps passé!


FIDELES AU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 02 AU 11 MAI 2010