La Géométrie et l'Algèbre du Triomphe


Tes fesses brillent au soleil,
comme dans les ténèbres!
Oui, tes fesses brillent
comme les mots splendides d'un poète
qui seul peut les dompter,
en les mettant en ordre,
comme les signes d'une algèbre
dont il a le secret
ou comme le ferait pour ses troupes
un général sur le champ de bataille!


Oui, tes fesses brillent
comme la sombre chevelure
d'une vierge langoureuse des Balkans
ou comme la proue toute blanche
d'une corvette qui déchire les vagues
ou comme une boucle de cheveux
qui se déploie dans les airs
par un jour bleu
ou ainsi que le verbe dionysiaque
dans les lèvres des Bacchantes,
ou comme l'appel lyrique d'un muezzin
qui résonne dans la médina de Tunis,
ou ainsi qu'une neige de papillons blancs
en Attique, au vingt-et-unième jour de Mai,
jour où l'on fête la Saint-Constantin
et la Sainte-Hélène!


Oui, tes fesses luisent
dans la lumière des étoiles
ou au clair de lune,
oui, elles luisent
comme le sillage que laisse derrière lui
un paquebot de croisière!


Et toi de balancer tes fesses,
à droite et à gauche,
comme l'écume que soulève,
sur sa droite et sur sa gauche,
le bateau assurant la liaison
entre Constantinople
et l'Île-des-Princes!


Or, tes fesses fulgurent
dans le ciel printanier,
comme les sillons
que laisse sur le corps d'une vierge
sa défloration,
ou ainsi que les traces de la volupté
sur le visage des amants!


Ô toi qui embaumes l'Éden,
laisse-moi rêver à tes fesses,
ces abricotiers fleuris,
à l'ombre desquels
je jouis et me délecte
de ton amour,
à la fois d'innocente jouvencelle
et de chasseresse divine
des songes d'été!


Oui, tes fesses sont l'arc-en-ciel
qui annonce le triomphe de l'amour
et de ses hérauts, les poètes!


LA GRANDE VENANTE

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 27 MAI 2010