La Grande Venante


Par monts et par vaux,
par les prairies et les rivières,
les roseraies et les cerisaies,
je chante les mélodies
des fraîches roses nouvelles
de tes seins
et des plaisantes primevères de tes fesses
que je becquète
comme une colombe de la paix!


Que tous les oiseaux
sur les verts arbrisseaux
célèbrent la fine valeur de ta beauté,
de ta beauté que je dénonce au zéphyr,
aux grands chênes royaux
et aux platanes de la Belle Hélène!


Ah! Comme il est le bienvenu,
mon attachement naissant à ta personne,
et comme est heureuse l'attraction
que tu exerces sur moi,
à l'image de l'attraction
qu'exerce l'aimant sur le fer
et l'acier!


Ah! Comme ta figure est joyeuse
et comme elle dépasse,
comme elle distance la nature,
bannissant la saturation
consécutive à l'accoutumance!


Or, tant ta face brille
comme un soleil,
que celui qui ne l'a pas vue,
n'a rien vu,
et celui qui l'a vue
et poursuit son chemin,
sans un seul soupir,
est dépourvu de toute valeur
et ne saurait prétendre à une vie supérieure,
caractérisée par l'initiation à la philosophie,
voire à la pure sagesse,
qui est autre chose que la simple inclination
à une certaine sapience
et que le simple goût
pour les sciences profanes!


À ceux qui me blâment,
d'entre les chrétiens,
de m'être épris de toi, une vierge,
je réponds ceci:
"Nul ne me force à l'aimer,
si ce n'est l'Amour en personne,
à qui nulle force ne saurait s'opposer,
et aucune mesure!


Qui est celle qui vient,
faisant trembler la terre
sous ses pieds fins,
tomber les étoiles dans la mer
et craquer les agrès des navires dans les ports?


Or, c'est toi, la Grande Venante
des temps modernes,
comme Dionysos était le Grand Venant
dans l'antiquité!


LA GRANDE VENANTE

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 27 MAI 2010