Des Myrtes à Baiser
Je n'oublierai pas de sitôt
les beaux yeux noirs de ma Bien-Aimée,
ces yeux où l'Espagne fait la guerre
aux Amériques
et où le Conquistador Hernan Cortès
s'empare du trône de Montezuma,
après avoir livré la capitale de cet Empereur
à la furie castillane!
Gravé sur ma poitrine est l'inextinguible souvenir
de ta châtaine chevelure,
plus douce qu'une colline du Midi français
et plus caressante qu'un ruisseau provençal
coulant parmi les jardins de saules
où l'amour attend les jeunes gens,
sous la forme de fées de la Bonne Fortune!
Or, ta brune chevelure
embaume le citron de Murcie
et l'ortie des Asturies
et elle est semée de perles indiennes,
de turquoises persanes,
d'émeraudes afghanes
et de diamants d'Afrique!
Aussi vieux que je vive,
je n'oublierai tes lèvres,
tantôt consumées par la fièvre amoureuse,
tantôt éclatantes de santé,
et qui sont rouges,
même sans rouge à lèvres,
de par le sang de ta jeunesse
qui y est visible!
Et que dire de tes longs et riches cils,
ces feuilles des marronniers fleuris
qui se mirent dans tes prunelles,
plus profondes que le lac
sur les bords duquel était bâtie
la capitale aztèque,
l'antique Tenochtitlan!
Après tant d'années
où je suis séparé de toi,
je rêve encore de caresser ta chair fine,
où l'univers retourne à sa vigueur première
et à sa jeunesse parfumée à la rose!
Cependant, sache que je ne rêve plus
de ces rivages qui sont exempts de douleur,
car quelque chose me dit
que sur de tels rivages,
s'ils existent,
il n'y a point de roses rouges
à respirer
et des myrtes à baiser!
LA GRANDE VENANTE
RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 27 MAI 2010