Cordoue
Un jour d'émeraudes et de saphirs
j'entrerai dans Cordoue la Sacrée,
la Khalifale,
par la Porte de l'Orient,
la Porte d'argent!
Devant la Porte immense,
au milieu des chars d'or
sculptés,
chargés de blé de la passion
et d'orge de la puissance,
je passerai entre une double haie
de buccins de coquelicots,
de cors de fleurs de grenadiers,
de trompettes de pavots rouges,
d'olifants de lauriers -roses
et de flûtes de lys!
Je pénétrerai dans la cité
deux fois millénaire
sur un cheval de perles blanches
et parmi les envolées lyriques
des cloches de pampres,
je célébrerai, en panégyriste bienheureux,
la Mère Nature en son temple,
la mosquée - cathédrale!
Une fois ressorti
de la ville trois fois fameuse
par la Porte de l'Ouest
ou Porte de l'abondance,
sur la terre panique
aux bords du Guadalquivir de gloire,
en une nasse de jasmins d'Arabie
je m'unirai aux nymphes des eaux
qui regardent dans les miroirs indiscrets
estivaux
leurs charmes insignes,
leurs yeux, surtout, rouges
et noirs comme de sombres cerises,
leur teint de fleur d'olivier
démiurgique
et leurs courbes superbes
comme des roses triomphales!
Après, sur les lieux
de mon union avec les faunesses,
j'érigerai une Giralda de bronze,
que j'emprunterai à Séville,
la Magnifique,
et une Koutoubia de platine
que me prêtera Marrakech,
la Maure!
ROSES TRIOMPHALES
CHEZ L’AUTEUR. AVRIL 1999