Le Blason de la Vulve


Ô amène vulve de ma Bien-Aimée,
ma Madone et Pucelle,
tu es le séjour délicieux des Nymphes bocagères
ainsi que des Naïades aux pieds agiles
et au teint frais!


Tu es la seule guerre
qui vaille la peine d'être livrée,
la guerre des fleurs
entre les jeunes filles
couronnées de feuilles de chêne
et qui vont à la bataille,
les seins nus,
plus hardies que des hases,
plus courageuses que des lionnes
et plus folâtres que de jeunes chattes
qui s'étirent en ronronnant!


Tu es le petit ruisseau
qui apaise ma soif
après une randonnée dans les bois
en été
et la source de montagne
où je me baigne par temps de canicule,
après avoir chassé au connil!


Tu es un lieu consolateur
et gracieux,
et le plus voluptueux de tous les lieux,
plus voluptueux même que le Parnasse
où les poètes vivent
en compagnie des Muses!


Quel est le prince,
quel est le savant,
quel est le sage qui peut prétendre
te comprendre?


Quel est le barde
qui peut tresser ton éloge
avec des roses et des myrtes de rhétorique?


N'est-ce pas toi qui, par ton action,
répares les dommages causés par la mort
en comblant les vides
laissés dans les rangs humains
par les personnes défuntes?


N'est-ce pas toi la fin de l'amour
et le trésor obtenu,
en échange de notre amour?


J'ai beau être fasciné
par les yeux de mon Amie,
dont le blanc est constitué
par la république portugaise
et le noir par le royaume d'Espagne,
oui, j'ai beau être attiré
par l'Atlantique poissonneux de sa hanche,
toi seule est l'objet de mon désir!


Certes, l'image du jardin paradisiaque,
qu'est le corps féminin,
est offerte à l'extérieur
par la bouche,
mais c'est toi la porte qui défend
ou accorde l'entrée
de la si amoureuse
et de la si plaisante contrée
de la femme adorée!


Ô toi qui, en chantant,
te déploies,
comme la bannière de la Reine d'Angleterre
Élisabeth la Première
ou comme l'étendard doré
de la Tsarine de Russie,
Catherine la Seconde
ou ainsi que le plumage d'une fauconne
ou le feuillage d'un figuier,
tu es la partie la plus avenante,
la plus urbaine et la plus suave
du corps de ma Bien-Aimée!


Et, de même que dans un oeuf
je recherche le jaune d'oeuf
qui comblera mon appétit,
de même dans le ventre immaculé
de la très chère personne,
j'aspire à la vulve
qui en est la substance
et le but ultime de sa vie!


Or, tout dans le formidable organisme
de la Bien-Aimée
concourt à l'idéalisation de la vulve
qu'il faut aimer
plus que les saints
et que les saintes,
et plus que notre âme!


BLASONS DE FEMME

RECUEIL INEDIT.DU 13 AU 18 JUIN 2010