Le Blason de la Croupe


Ô croupe forte
à la manière du Brésil, de Cuba,
du Mali, de l'Angola
ou du Congo,
mon Éden de la jouissive ivresse,
mon paradis bleu
d'où descendent les avenues d'anges
et d'angelettes,
ô chérubinique Prytanée
de la République d'Athènes,
ô Aréopage de Grèce
jugeant sans appel
de la perfection ou de l'imperfection
des fesses de femmes
et de belles filles,
sois bénie!


Ô magnifique croupe de ma Bien-Aimée,
tu es majestueuse comme le mont Kenya,
berceau de la noble race
des Kényans,
et tu es blanche comme la neige
sur le Kilimandjaro
ou ainsi que les cataractes du Nil
au Soudan
ou que la chute d'eau d'Iguassu,
au Brésil!


Et lorsque ta maîtresse
se promène par les boulevards de Rio,
tu te balances vaillamment,
radicalement, vertigineusement,
comme si tu dansais
des danses lascives de Négresses
et d'Orientales,
sous les regards éblouis
des cheikhs vénérables
aux barbes blanches
descendant jusqu'à terre,
dans une taverne d'Alexandrie,
enfumée par les tchimbouks
et les narguilés
des piliers de café arabes,
persans ou turcs!


Ô petit cul que j'adore,
tu es rondelet et dodu,
bien proportionné et festif,
bien enlevé ainsi qu'une perle blanche
pêchée dans le golfe d'Oman
par un plongeur
qui aura risqué sa vie pour toi
et ta gloire!


Ô hanche que je couvre de baisers,
tu es bourrelée
comme le coussin de soie du Siam
où pose sa tête
le Sultan de Stamboul,
lorsque il est en réunion
avec ses vizirs,
membres du Divan Auguste!


Alors que jadis,
tu avais besoin pour te vêtir
de drap d'or, de soie somptueuse
ou de dentelle de Valenciennes,
aujourd'hui tu te contentes
de ces pantalons de toile grossière
portés par les femmes modernes,
mais à travers lesquels
transparaît la cascade de tes courbes
tout le long de la raie des fesses!


Ô croupe généreuse de ma Bien-Aimée,
tu es si puissante
que, lorsque je t'aperçois,
mon coeur s'arrête momentanément de battre,
cependant que mon esprit,
grisé par tes merveilles,
me pousse à lever mes mains
vers le ciel
avec force exclamations de joie
et à adresser des dithyrambes
au Seigneur Tout-Puissant
qui t'a créée,
ou tout au moins qui permet
que tu existes,
pour le plus grand bien
de nous tous!


Ô ma Toute Belle,
viens que je te câline,
viens que je te caresse
sous ce pin enchanté
et devant cette mer grecque
dont tu es l'image à jamais
et d'où tu as émergé
au premier jour d'Avril,
comme Aphrodite l'Anadyomène!


BLASONS DE FEMME

RECUEIL INEDIT.DU 13 AU 18 JUIN 2010