La Fée du Guadalquivir
Ta robe évoque la Giralda,
ce minaret maure
transmué en tour d'église!
Et sous ta robe immaculée,
ta peau brune embaume le miel d'oranger mexicain
et l'aube d'été à Séville!
Ô toi dont les baisers ont le goût
du maïs grillé,
lorsqu'il vient d'être arraché au feu,
répands ta chevelure noire
sur tes frêles épaules,
oui, ta chevelure sombre,
semblable à la voile brune
d'un galion espagnol
portant dans ses flancs
une cargaison d'or américain
et de pierres précieuses du Pérou,
prises à la parure de la dernière
Reine Inca!
Ô toi qui es la source cristalline
où je me désaltère,
sache que je t'aime pour tes beaux yeux,
allongés comme les poissons du Nil!
Oui, je t'aime pour tes yeux noirs,
comme la fauvette aime le mois de Mai
pour sa fraîcheur,
ou comme le raisin encore vert,
le mois de Juillet
pour son ardeur!
Ô toute belle fée
du Guadalquivir,
presse tes lèvres
vermeilles et pulpeuses
sur les miennes,
et laisse-moi,
cette après-midi encore,
jouir, avide,
du spectacle admirable
de ton corps heureux
se dorant au soleil,
et de ta vie savoureuse
et goûteuse jusqu'au délire!
Et, comme aujourd'hui,
c'est la fête de la Sainte Cigale,
comme une cigale je chanterai
sous le balcon de tes sombres iris,
perché sur un rameau d'oranger amer!
Puis, je viendrai te caresser la croupe,
somptueuse comme la Méditerranée,
à l'endroit où l'Espagne
vient toucher à l'Afrique!
Or, ta hanche,
ainsi que tes cuisses ambrées,
sont les biscuits bruns
qui accompagnent le chocolat mousseux
de ton âme,
que je bois
à petites gorgées,
sans que pour autant,
il s'épuise
ou même diminue
en quantité
ou en qualité!
SANG DE GRENADE
RECUEIL INEDIT. DU 03 AU 09 JUILLET 2010