La Gitane de Juillet


Ô gitane de mon âme,
écoute ce poème
né de la passion
que soulèvent en moi
tes flancs fermes et durs
d'Andalouse brune!


Ton coeur est une cerise
pulpeuse et noire
qui brille sous la lune!


Et tes cheveux sont des cerises de Juillet
qui brillent au soleil
comme du caviar noir
ou comme le pubis touffu
d'une jouvencelle brune,
ou ainsi que des perles noires
ou des diamants sombres,
ou des papillons bleu de nuit,
ou comme l'ébène
ou que le jais!


Et tes escarpins vernis
étincellent sous le soleil,
comme une nuit étoilée de Juillet
sous les yeux de Dieu!


Ô ma petite levantine,
bel arbre fruitier
de la huerta de Valence,
riche de mille chants d'oiseaux,
et aux fruits plus resplendissants
que l'étoile de Vénus,
j'ignore si tes petites mains
sont aussi fines
que les mains d'une claveciniste
ou d'une pianiste,
ou si tes mamelles sont aussi fermes
que tes fesses,
oui, j'ignore si tes mamelons sont rouges
ou noirs,
si tes pieds sont aussi puissants
que les pieds d'une ballerine,
ou même si tu portes
une jupe à volants rouges
comme une danseuse flamenca,
mais il me souvient encore
de ton baiser chaste
sur mon front pur et silencieux
comme la lune
ou la terre,
comme la rose
ou la rosée,
comme le poisson
ou le papillon,
comme la pêche blanche
au subtil arôme
ou l'orange sanguine,
comme les champs de blé
à la veille de la moisson
ou la nostalgie du Paradis perdu,
telle qu'elle est ressentie
par un ange déchu,
à cheval sur une pouliche de nacre
volante,
à la riche queue emplumée
et à la crinière de feu!


Or, j'irai jusqu'au bout du chemin
qui mène à tes prunelles
de sombre velours lusitanien,
quand même ce chemin
me mènerait à la mer
où se déploient les fastes phéniciens
de Malaga,
la Danseuse venue d'Orient,
ou à Cadix
qui donna son nom de bayadère
aux danses gaditanes,
célèbres dans la Rome antique!


SANG DE GRENADE

RECUEIL INEDIT. DU 03 AU 09 JUILLET 2010