Giralda


Comme tu te balances à coeur joie
entre les lauriers blancs
et les lauriers roses,
sous l'azur sublime
qui monte de l'océan vers Séville l'Auguste,
cette Ibère et cette Romaine
assise sur son fleuve,
les yeux étincelant de bonté,
la taille bien creusée
au-dessus des hanches
et la chevelure châtaine
tombant librement sur les épaules
et se livrant à la brise marine,
sauf pendant la saison du Chien chaud,
où seules soufflent les flammes
échappées d'un soleil de plomb fondu!


Ô toi dont le nom est Giralda
et dont le corps est un poème de gaze
et de mousseline,
de taffetas et d'organdi,
donne-moi le thym
que tu portes dans ton coeur,
afin que j'en fasse mon miel
que j'emmagasinerai dans la ruche d'or
de mon cerveau
qui garde, intactes encore,
les traces de ton passage
dans mon âme
et dans mon esprit!


Ô toi que j'adore
à l'égal d'une idole,
laisse-moi traduire
dans le langage élaboré des Troubadours
tes paroles de fée
et mimer tes mouvements d'ondine,
ainsi que tes gestes de bayadère
venue des Indes
renouveler le Romancero espagnol!


Ah! Quelle est ma félicité
à t'aimer comme je t'aime
et quelle est ma béatitude
à te célébrer
comme je te célèbre,
en tant que paonne de saphir
et femme à la croupe de conque marine,
aux pointes des seins
ornées de perles blanches,
aux cuisses merveilleusement imposantes,
longues et roses,
aux jambes lisses et amènes et urbaines
comme des bénédictions pontificales
au Dimanche de Pâques,
aux pieds fins comme le péché de lubricité
et aux mains aériennes
comme la peccadille de coquetterie!


GIRALDA

RECUEIL INEDIT. DU 10 AU 16 JUILLET 2010