La Nuit Infinie de Juillet


Je suis tranquille
sous la nuit infinie
de ton magnifique,
de ton limpide cul de pleine lune,
comme la vieille terre andalouse l'est
sous la brise du soir,
alors que des brasiers
lèchent encore l'horizon!


Et quand je contemple la nudité de ta croupe,
je crois faire un rêve de nuit de Juillet
où Ziryab, ce maître,
ce musicien extraordinaire,
jouerait pendant trois jours
et trois nuits d'affilée
sur son luth à cinq cordes
les ineffables mélodies cordouanes!


Lorsque la rétine de mon oeil
saisit en un éclair
l'importance vitale de ta hanche dorée,
j'ai l'impression qu'un rayon de lumière
émanant de mon coeur
incendie tes insondables profondeurs
et je me crois devenu une eau claire
sous un olivier centenaire!


Lorsque je te vois passer dans la rue,
tes cuisses merveilleusement ambrées,
exposées à la torpeur de l'après-midi d'été,
les cordes de ma guitare se tendent
et je vibre moi-même
comme une cigale énorme!


Et, dès la nuit venue,
tu mets des lumières à tous les carrefours
par le mouvement dionysiaque
que tu imprimes à tes fesses,
semblables aux deux rivières de Grenade,
le Darro et le Genil,
et par les mille fantaisies
de ton extravagante parure!


Non, à la différence des anciennes Andalouses,
tu n'as pas besoin d'un vertugadin
pour faire gonfler ta jupe
autour des hanches,
puisque celles-ci
viennent de façon naturelle
arrondir autour d'elles
ta jupe blanche
et te faire paraître plus fertile,
et donc plus désirable!


Ô fée de cristal
de l'amour,
ta nudité blesse comme Séville
et fait mourir comme Cordoue!


Oui, ta nudité blesse
de par le miel doré qui en découle
et elle fait mourir de félicité
de par son vin bachique
qui prodigue une joie telle
qu'elle fait paraître pâles
toutes les autres sensations
que la vie peut nous dispenser!


GIRALDA

RECUEIL INEDIT. DU 10 AU 16 JUILLET 2010