Le Feu de Juillet
Ah! Comme le chant des cigales
est déchirant
par les chaudes après-midi de Juillet,
où sur les sommets
souffle la brise
venue de la mer!
Ah! Comme les cigales sont,
malgré elles,
cause de sanglots
qu'en vain j'aspire,
tant la beauté de Juillet est grande,
plus grande que celle de tout autre mois,
et tant l'accablante chaleur
de l'été à son apogée
me fait sentir que nous sommes tous
de passage,
comme les papillons blancs
dans la fournaise de la canicule,
oui, comme ces papillons
voués à disparaître sous peu,
et cela, dès les premières incursions de l'hiver
qui ne tardera pas
à disperser aux quatre vents
les restes de la plus belle des saisons,
et, avec eux, ce qui reste de notre jeunesse!
Or, il me tarde de te voir danser la nuit,
à la Nativité de Notre-Dame,
au soir du jour où les carillons
domineront notre cité!
Oui, il me tarde de jouir
du spectacle extraordinaire et fou
de ta jupe rouge à volants
qui volera alors jusqu'au neuvième ciel,
en compagnie des anges jaunes de l'art!
Ah! Puissé-je, tant que je respirerai,
sentir ton parfum de lie de vin,
de cette lie épaisse et odorante,
que les Espagnols appellent fondillon!
En fait, l'arôme de ta chair
est plus suave que l'arôme d'un fondillon
vieux de cent ans!
Ô jouvencelle que je préfère
à toutes les autres,
à la veille de ma mort,
laisse mon balcon ouvert
pour que je puisse respirer
le parfum du moût nouveau,
gage de la résurrection
et de retour à la terre des vivants!
Car le parfum du moût
évoquera pour moi
ton âme de moût dionysiaque!
Cependant, l'indigo radieux du ciel
et de la mer
ramène en moi des sentiments
plus joyeux que tragiques!
Qu'est-ce que la joie,
sinon le feu solaire de Juillet,
au son des castagnettes
et des battements d'ailes
des papillons diurnes?
FEU DE JUILLET
RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 22 JUILLET 2010