La Femme aux Myrtes


Par les après-midi de Juillet,
où l'air est délicieusement indolent,
serein, doux et sec,
il me souvient de ta peau
couleur d'épi,
où brûlait le feu céleste,
celui de notre soleil
conjugué avec le feu des soleils lointains,
oui, il me souvient de ta peau
étincelante comme le ciel africain!


Ah! Comme j'aime l'horizon
clair et lumineux d'Andalousie,
ta contrée,
oui, j'aime l'horizon
aux teintes nettes et douces,
l'horizon grand comme ta hanche
très large et très suave
de méridionale et de méditerranéenne
à la fois,
ta hanche où la volupté
rejoint l'élégance
et la forme l'essence!


Ah! Comme je suis attaché
à l'aimable animation
des soirées d'été
où l'on voit se promener ensemble
dans les venelles
des jeunes filles,
oui, des jeunes élégantes
dont les cuisses nues
portent le faix des astres de la nuit
et du Croissant lunaire,
semblable à une tranche de melon
de terrain sec,
d'un melon savoureux
que l'on déguste entre amis et amies
sur une terrasse blanche,
au son des grillons amoureux
et de l'eau susurrante
dans les rigoles des jardins
ou de l'onde jaillissante
des jets d'eau des patios!


Ah! Comme par ce temps
si agréable, si plaisant,
ma machine à élever des hymnes
à la beauté des femmes
et à l'harmonie du cosmos
tourne à plein régime,
mes hymnes ruisselant sur le papier
comme des ondées d'été
ou des tourbillons printaniers
ou enfin, comme des ouragans tropicaux!


Or, toute l'année j'attends impatiemment
la venue de la saison
qui mieux que toute autre saison
évoque pour moi notre brève rencontre
par un jour radieux d'azur et d'indigo
où l'on allumait les feux de la Saint-Jean,
ô femme de Grenade,
mon laurier et mon myrte,
ma menthe et mon basilic odorants!


Si tu passes un jour,
après tant d'années en allées,
oui, si tu passes dans ma rue,
regarde vers mon balcon:
je te saluerai
et te souhaiterai la bienvenue,
comme si je t'avais vue la veille!


FEU DE JUILLET

RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 22 JUILLET 2010