L'Andalouse Dionysiaque


Tu étais plus robuste que le mois de Mai,
culmination du printemps,
et plus passionnée que le Chien de Juillet
à l'haleine brûlante
comme un fourneau de forge!


Ta chevelure était un champ d'Avril
que la brise de terre
faisait onduler
et que les rayons du soleil
teignaient de chrysoprases!


Oui, tu étais pareille au printemps
qui ne se lasse jamais
de la monotonie de sa beauté,
et tu évoquais l'automne,
jamais las de faire pleuvoir
la manne de l'abondance
sur les plaines étales,
comme sur les vallées étroites,
sur les montagnes comme sur les rivières
complètement à sec,
après le passage dévastateur de l'été!


C'est à toi que les pastèques andalouses
empruntaient leurs rondeurs orientales,
et les raisins d'Alicante
leurs flamboyantes couleurs,
oui, à toi qui imitais les aurores
et les couchants!


À chaque fois que je te voyais venir
vers moi
d'un pas léger, presque timide,
je retrouvais les rêves langoureux,
les frissons inexplicables
de mon adolescence
et les plaisirs singuliers
de ma prime jeunesse!


Sur ton visage si expressif,
l'insouciance et l'innocence du Levant espagnol
alternaient avec la mélancolie de la Galice
et avec la nostalgie de la terre
propre au peuple portugais!


Tu étais en vérité une brune païenne
qui connaissait les frissons
et les sueurs froides d'une Thérèse d'Avila!


Voilà pourquoi, les vies
des plus grandes saintes de la Chrétienté
te passionnaient tant,
ô toi qui étais une Castillane
férue d'honneur,
doublée d'une Andalouse dionysiaque,
elle-même alliée
à une Portugaise fatale
ou à une voluptueuse Brésilienne
ou, enfin, à une artiste mexicaine!


LA DAME DE L'ETE

RECUEIL INEDIT. DU 23 AU 28 JUILET 2010