La Femme-Puits
Tu étais robuste comme une blanche colombe
portant le char des Amours!
Tu n'étais ni bonne, ni mauvaise,
mais pareille à la brise de terre
qui vient rafraîchir les nuits d'été,
apportant tantôt le malaise et l'inconfort,
tantôt la joie et la satisfaction!
Tu n'étais ni Vierge Sanctissime,
ni Déesse Chaste,
mais une femme complète,
avec sa hanche large, très large même,
et balancée à coeur joie,
avec ses cuisses arquées,
ses beaux seins opulents
et son pubis non épilé,
ainsi qu'il convient à une Chrétienne!
Et tu marchais la tête haute et découverte,
les cheveux tombant sur tes épaules rondelettes
et non athlétiques,
et ta taille était petite,
mais souple comme le tronc d'un cyprès!
J'étais littéralement fasciné
par le feu de tes yeux profonds
de vin noir d'Espagne!
Oui, le feu de tes brillantes prunelles
était calme, paisible et doux,
avec quelques intermèdes de violence,
quand le désir charnel t'accablait
et te faisait fuir le commerce des humains,
comme une jument sombre
à la recherche d'un étalon puissant,
et se tenant droite sur ses pattes
dans les ténèbres,
au sommet de quelque colline
ou sur un chemin forestier!
Mais, malgré ces intervalles amers,
tes joues étaient de miel doré,
en rougissant à la moindre émotion!
Et ton front haut avait l'éclat
de la pleine lune de Juillet!
Tu tenais à la vie,
comme toute jouvencelle qui se respecte,
et tu cherchais à retirer
la volupté la plus intense
de chacun de tes instants!
Certes, tu étais une héroïne
à ta façon,
mais ni une maquisarde,
ni une héroïne de légende surnaturelle!
Voilà pourquoi je t'aimai,
voilà pour quelle raison
je me souviens encore de toi,
comme d'un puits
d'où jaillissait
une eau abondante et fraîche,
en plein désert mexicain
ou mauresque!
LA DAME DE L'ETE
RECUEIL INEDIT. DU 23 AU 28 JUILET 2010