La Ville-Diadème


L'hymne présent est un ultime coup d'oeil
lancé sur Grenade et sa Véga,
offertes à mon regard
comme un plat doré,
débordant d'émeraudes et d'hyacinthes!


Ah! Avoir aimé les brunes filles de Grenade
qui dansent avec une grâce exquise le boléro,
au son des castagnettes, ces cigales de l'amour,
oui, au son des castagnettes
et des guitares à six cordes!


Oui, avoir aimé les brunes beautés
au corsage andalou, si élégant,
et à la ronde et douce symétrie de corps!


Ah! Avoir admiré un jour
ces chevelures de jais,
séparées sur le front
par une raie parfaite
et où est piquée une rose
fraîchement cueillie,
selon l'ancienne manière andalouse!


Ah! Ces joues accablées de soleil
comme des tulipes mordorées,
offertes en échange d'un baiser
sur la main plus calligraphiée
qu'une lettre du Coran!


Ah! Ces cous graciles et souples
de gazelle penchée sur une fontaine
où elle boit une eau plus froide que la neige
et plus pure que le cristal!


Et, c'est à l'image de cette eau
qu'est faite l'âme
des jouvencelles de Grenade!


Certes, c'est un tableau exagéré de Grenade
que je brosse ici,
mais telles sont les images
gravées dans mon coeur,
que j'ai retenues de la contemplation,
à la fois des patios mauresques de l'Alhambra
et des jeunes Grenadines à l'ondoyante démarche
et à l'âme de danseuses nées
et de musiciennes hors pair!


Je pense surtout à l'une d'entre elles,
qui jouait d'un luth
aux cordes d'argent!
Or, écouter cette jeune fille
accompagner de son chant
un luth aussi parfait,
c'est écouter le soupir du dernier Roi maure
quittant Grenade, le paradis de sa jeunesse,
pour l'Afrique!


Aujourd'hui, recouverte d'une buée de chaleur,
Grenade m'apparaît
comme un diadème d'émeraudes,
porté par une dame
de la noblesse maure d'antan,
montée sur un pur-sang arabe,
en route pour l'Afrique!


GRENADE

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 17 AOUT 2010