À Celle Qui Vient
Qui est celle qui vient comme le printemps,
dont les oeillades sont des soleils
et les hanches des lunes pleines,
et qui sait si bien parler
la langue de l'amour?
C'est la Bien-Aimée,
plus pure que le printemps,
plus belle que l'été!
Or, elle est un soleil de rêve
qui paraît à l'Orient!
Son teint a la couleur
de l'épi de blé mûr
et sa croupe est un verger
de belles pastèques
qui fondent dans la bouche,
plus fraîches en été
que l'eau des sources!
Et ses seins sont une grappe
de raisins roses et or,
dont la liqueur joyeuse
je fais couler dans mon pressoir,
dans le pressoir d'où sortira
le vin de l'année,
aux arômes de cinnamome
ou de fruits de la passion!
Les pétales de la rose de son coeur
palpitent quand je m'approche d'elle!
En sa compagnie,
je mange mon sucre et mon miel!
Elle a gardé quelque chose
des années de son enfance,
cette joie de la vie nouvelle,
propre aux bébés qui sont encore au berceau,
près des fées qui tissent leurs rêves
avec leurs quenouilles d'ivoire,
à la pâle lumière des étoiles!
C'est de ses fleurs,
plus douces que le moût du vin nouveau,
que je fais mon miel,
et même quand quelque chose
me chagrine en elle,
je suis heureux comme une abeille ouvrière!
Et seul est vivant dans mon âme
le souvenir des jours
passés auprès d'elle!
Et même les larmes
que je verse pour elle
arrosent le verger de mon bonheur,
comme l'eau d'une noria!
PATIOS MAURESQUES
RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 24 AOUT 2010