Le Soleil Orange de la Jeunesse


Ô plu belle que l'étoile du matin,
écoute cet hymne
qui a l'éclat des yeux
des femmes de Palestine
et porte en lui l'arôme
des psaumes anciens,
entonnés par les Juifs, les Arabes et les Maures,
aux nuits claires d'Andalousie!


À la saison où les jeunes gens
d'habitude s'éprennent des jeunes filles,
je buvais la sève des oranges de tes seins,
cependant que je souriais à la terre d'Espagne,
au-dessous d'un ciel d'éclatants saphirs
et au-dessus d'une mer
recouverte de gaze fine d'Août,
formée par les buées de chaleur!


Oui, tu étais mon seul soleil,
mon soleil d'or orange,
quand ma jeunesse était semblable
au corps difforme de la Chimère,
oui, tu étais ma seule lumière
dans la pénombre où je me tenais,
du temps de ma jeunesse!


Et ma jeunesse bohème
passa comme un orage d'été,
entre, d'un côté,
les couplets andalous
et les chants majestueux de la Castille,
et, de l'autre côté,
le chocolat mousseux
et le vin du Rhône!


Comme mes larmes jaillissaient alors
spontanément,
ainsi qu'un jet d'eau limpide et sonore
dans un patio de Séville,
entre les orangers, les citronniers
et les myrtes!


C'étaient des larmes
versées pour toi,
ô plus pure que l'étoile du soir,
oui, des larmes pour guérir
des blessures reçues
des épées de tes yeux,
ô toi qui fus ma première,
ma seule amour!


Par cette brise voluptueuse
qui annonce la fin imminente de l'été,
je jure de ne jamais tenter
d'effacer de ma mémoire
ton nom pareil à un parfum
de la terre noble d'Espagne
ou à une orange ombiliquée de Valence
ou à une haute maison blanche
à une seule fenêtre
du quartier arabe
de Grenade!


Car, renier sa première amour,
cela revient à renier l'éternité
où pourtant finit par se jeter,
telle une rivière,
toute vie!


PATIOS MAURESQUES

RECUEIL INEDIT. DU 18 AU 24 AOUT 2010